samedi 14 juillet 2012

L'ange



Les rêves tournoient au-dessus de la ville,
ne sachant où se poser.
La nuit, je questionne l'ange
devenu muet,
Et toujours
Recommencer insatiablement
le même geste
Avancer

vendredi 13 juillet 2012

Le cauchemar d'Ariane



THÉSÉE 
Je n'irai pas

ARIANE
Quoi ? mais hier à peine tu étais dans l'élan...

THÉSÉE 
Tout cela est arrivé trop vite

ARIANE
Je ne te reconnais plus

THÉSÉE
Je me suis vu tout à l'heure
Je suis creux, vide et insignifiant
Je vais dormir et ne veux plus entendre tout cela
Tu m'as raconté des bobards et m'as menti
Je ne t'ai jamais rêvé, c'est toi qui me rêvait.
Tu m'as ensorcelé et perdu
Ton fil n'est pas pour moi 
La peur est au bout 
Rien qu'un fil à réveiller mes démons

ARIANE
Ô homme ce fil est pur et beau 
Beau comme le premier jour où il s'est déplié
Te reconnaissant comme visage.
Il a la vigueur de tes doigts
Et étincelle comme tes yeux.
Je l'ai déroulé pour toi
Il a ta taille, déjà ton odeur
J'ai attendu tout ce temps 
Le fil ne ment pas
Pour moi tu es le frère, le fils et l'amant
Que je dois conduire

THÉSÉE
Tu délires

ARIANE
Non
Ceci est mon rêve 
Rien que du bon vieux rêve puissant à emporter
Tous les navires du monde
Les fils de l'homme.
Mon rêve vrai. 
Ne l'abandonne pas.
N'écoute pas la voix de la vérité
Elle a le costume du mensonge.
Elle n'est que chant à t'emporter
Dans la nuit de l'océan
Loin du vrai Thésée.
Le miroir de l'eau est trompeur
Il ne reflète que ce qui est
Et non ce qui viendra.
Ecoute -moi,
Si tu pars
Tu entreras dans la nuit des hommes qui sombrent
Tes yeux n'ont déjà plus de lumière
Tu te rapetisses
Ecoute-moi
Vois-moi
Ne m'oublie pas
Ne rentre pas dans cette nuit qui va te recouvrir
Qui me transformera, moi, en ombre
Et rendra mes formes lointaines, incompréhensibles.
Oh n'y rentre pas
Déjà tu t'éloignes
Et je ne suis plus que forme
Ombre mauvaise.
Tu as déjà oublié.
Si tu rentres dans cette nuit
Oh n'y rentre pas
Oh n'y rentre pas
Si tu rentres dans cette nuit
Tu me perds et tu te perds
Vois
Je ne suis plus qu'ombre
Ton ombre ton fantôme
La forme de ce qui te fait partir
Ta mémoire insupportable
Oh n'y rentre pas
Si j'agite la main tu ne verras que souffle mauvais
Si je souris tu ne verras que dévoration
Si je chante tu entendras possession
Vois
Ne rentre pas dans cette nuit noire
N'y rentre pas.
Nous sommes perdus
Tu as tout effacé et
Tout or a disparu
De nos doigts
Tout notre or
Tu l'as jeté
Tout notre or

THESÉE
Va-t-en sorcière

ARIANE
Je n'ai plus de fil

Naissance


Naissance

Accrocher le noyau secret de l'être. Le renverser sans bruit.
Epouser sa singularité et le lâcher dans le vide.
Le regarder advenir.

Pureté du premier geste. Le premier cri est un rire.
Ou plutôt un éclat de rire: "Encore !"

A nouveau, le jeu.
A nouveau la main tenue, puis lâchée.
A nouveau, être un puis deux.
Un et un.

"Encore !"

Beauté et mensonge


"Je me suis regardé et j’ai vu la vérité: je croyais faire de la beauté alors que je ne faisais que du moche."

LE MENSONGE EST LA CONDITION DU VRAI

Le doux mensonge: "y croire"...



RÊVE 
REPARTIR DU RÊVE ET DE LA BEAUTÉ
TROUVER UNE ISSUE - UN APRÈS
IL Y A DES TUEURS DE LA BEAUTÉ DES PAYSAGES
DES EXTERMINATEURS DE L'EXTÉRIEUR ET DES EXTERMINATEURS DE L'INTÉRIEUR
REMETTRE LE PAYSAGE A L ENDROIT
LUI ENLEVER SON CRACHAT RÉCENT
LUI RENDRE SON ÉCLAT PASSÉ ET FUTUR
REPARTIR DU RÊVE ET NON PAS DE CE MIROIR QUI NE CAPTE QUE L'IMAGE 
L'ART, LE RÊVE COMME SEULE RÉPONSE POSSIBLE, CE (LÉGER) MENSONGE QUI, SEUL, RENVOIE L'ÊTRE EN MOUVEMENT - LA PROMESSE DE LUI-MÊME: SON ÂME
RÉ-INVENTER UNE NOUVELLE HISTOIRE POSSIBLE LÀ OÙ QUELQU'UN A DÉCIDÉ D'Y METTRE UN POINT FINAL
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Les images - comme des pierres.

La Femme de Loth, transformée en statue, devenue Pierre vivante, par son désir impérieux de tout VOIR.
Son coeur devait être déjà sec, de pierre, pour n'avoir pas cru, imaginé l'histoire qu'on lui racontait. Assurément, aucun amour chez elle de l'autre, aucun emportement, aucune croyance.
Il a fallu qu'elle scrute, vérifie, examine, écarquille les yeux afin de prendre chaque parcelle de vérité, de n'en oublier aucune: voir la réalité telle qu'elle est. 
Plus d'un en est mort, arrêté dans son mouvement, la réalité n'étant jamais une, mais mouvante, contenant une part d'invisible incommensurable - toutes les promesses de son devenir. 
Vouloir tout VOIR transforme la chose vue en chose morte, objet perdu, vidé de son sens, forcément laid, imparfait puisque figé comme le papillon à qui on a troué les ailes et qui ne peut plus voler.



Des pierres,
ces images de soi
images du monde
elles 
elles
elles
elles nous figent 
envahissent nos cerveaux caillots 
arme secrète qui arrête tout flux
le mouvement est arrêté
menotté
les vaisseaux de la pensée, bouchés
pas d'issue
pas de secours
plus de temps
les images du monde dans la mer
des milliers d'images qui nous tombent dessus et nous rentrent dedans
des murs d'images de soi et du monde
les images c'est le monde c'est bien connu
son exact reflet 
Nous avons les moyens de refléter la réalité dans sa plus exacte exactitude
nous avons les moyens que vous n'avez pas
nos experts nos secrétaires nos économistes nos professeurs nos inspecteurs nos ministres nos chefs d'état ont la supériorité sur vous
Nous seuls avons les moyens de refléter la réalité
Votre réalité
personne d'autre n'a le pouvoir de fabriquer des images aussi nettes
ces images sont la vérité
les outils de demain, de votre devenir
Ces pierres
Je
elles
elles
elles
La réalité c'est nous qui te la donnons
Vois
Je
Regarde-toi
elles
elles
elles ont déjà envahi mon cerveau
mais vous avez les artères bouchées ma parole
il va falloir faire quelque chose
je
je
je voudrais tant ne plus être bombardé de la sorte
elles
les images 
les pierres
elles ont dressé des murs partout
fuir immobile paupières ouvertes
je voudrais tant me remettre à courir, comme ça, juste pour le simple plaisir de sentir le vent
me remettre à marcher sans m'arracher de mes secrets
juste histoire de voir le paysage défiler
Je voudrais tant m'endormir pour retrouver le bercement originaire,  le délicieux goût de l'apesanteur
je voudrais tellement
je voudrais
tellement
je
....
....

Suis-je la plus belle ô miroir ?
DIS MOI QUE JE SUIS BELLE
Où disparait la beauté quand elle n'est plus ?
Elle retourne à son point d'origine: le point de la montagne qui touche le ciel
Le rêve est ce diamant intact vers lequel il nous faut toujours revenir pour ne pas crouler sous les pierres


VISER TROP HAUT NOUS TERRIFIE


Pour L...


La sirène a retentit
Dans mes mains vides,
Coquillages inutiles.

La mer t'a repris, sombre
Et rancunière,
Effaçant jusqu'à ton nom,
Géant cormoran.

Par un éclatement des vaisseaux,
Tu t'en es allé rejoindre tous les tiens
Laissés loin derrière.

Gais étaient nos chants et nos murmures.

Jeté à la place,
Un poème
En mémoire de ton rire.

Sur ta veste, les étoiles continuent de briller

L'enfant qui cherche le ciel

L'enfant s'enfuit, court court
aussi loin qu'il peut
L'enfant qui cherche.
Le sol se dérobe, il saute
Ni semelles ni chaussures.
Dans sa course, ses membres s'allongent
l'enfant qui cherche le ciel
devenu homme tout à coup
trop vite.

Le paysage lui sourit
pas le temps pas le temps !
et quoi répondre ?
un tel sourire lui est étranger !

Quelqu'un ouvre sa porte
il rentrera en coup de vent
après s'être réchauffé
lui qui a toujours froid.
Le feu lui sourit la flamme le saisit

là où est son diamant.
Un temps
puis claque la porte claque claque
lame tranchante
Et court court aussi loin qu'il peut
L'enfant qui cherche le ciel.

Dedans quelqu'un saigne et crie
mais fermée à clé la porte
et la clé dans la poche
jamais rendue.

Court court l'enfant voleur
de maison en maison
de château en château
et jamais ne s'arrête
semant prisons et hurlements
partout dans le clair paysage.

L'enfant qui cherche le ciel.
Parcelles de nuit en son coeur
étoiles dans les yeux
sauts aveugles
L'enfant qui cherche son diamant

mercredi 4 juillet 2012

Pensées

PENSÉE INQUIÈTE

Cette nuit, subitement,
réveillée par une pensée:
si jamais j'allais partir
sans qu'il n'ait jamais levé
ses terribles accusations

Ni effacé les insultes et le mépris
envers ceux qui l'ont accueillis

L'irrationnel aura été alors
le seul diable dans cette histoire
le seul victorieux



PENSÉE BONNE

Prend tout ton temps,
oiseau blanc
Prend toute la mer
Et tous les fleuves du monde
et navigue à ta guise.

Pose toi sur chacune des branches,
les douces comme les amères
et goûte à chaque arbre.

Connais les orages
et les bleus purs des montagnes.
Connais les noirs précipices
et les souffles mystérieux des hommes

Visite la lumière flamboyante
et essaie chaque couronne

Prend tout ton temps,
oiseau blanc
Prend toute la mer et tous les fleuves du monde
et navigue à ta guise.

De très loin, me tiendrai,
je te le promets
hors de ta mémoire,
muette



PENSÉE NOIRE

Tombe et marche
là où tu m'as fait trébuchée
longuement et sans sens



PENSÉE PESANTE

Souviens-toi.



PENSÉE SECOURANTE

Pose-toi et va trouver
celui qui te dira le monde.
Ceux qui t'aiment
ne brandissent aucune arme.
Personne ne s'est inventé tout seul.
Apaise-toi et va trouver
celui qui te portera secours.
Celui-là existe et attend que tu le désignes.
Un maître. Un homme mûr.
Désigne-le